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Entre deux nuits

Rencontre avec Françoise Benomar

L'un pour l'autre

 

L’un pour l’autre
Hahnemullhe fine ART 380, 40×60 cm, 2021

Qui êtes-vous ?

Âme comprise en l’Occident et L’Orient, je suis la grâce, la raison, la raison qui aime se rebeller, défaire, découdre le monde, retoucher le réel, grimper vers d’autres soleils, faire rire les mondes décadents, toucher le sublime, écouter l’air, le silence, l’autre enchanteur, dégriffer les orages, se rebeller pour faire le meilleur du sublime, arracher les racines du ciel et de la terre pour faire du neuf, ne jamais tomber à terre, créer sans cesse pour être le mat grandissant des voiles sans retour sur la terre ferme.

Françoise l’artiste

L’appareil photographique, cordon ombilical sans conteste de ma voix créatrice, penser mes narrations intérieures, cliquer des corps, me mettre dans toutes les positions corporelles pour dialoguer avec des corps aux féminins-masculins, dénouer leur peau quotidienne, les dénuder pour que tout change, se refasse, que s’éclaire le jour de «  Regards parenthèses », faire des histoires mélancoliques collées au-dedans de peaux sublimes, les positionner, aller chercher l’essence entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne, dire tout sur ce qui à  trait à leur Beauté, tout dire sur ces petits détails qui font rage dans un océan de couleurs, de noir et blanc, l’appareil clique, laisse aller l’imaginaire des corps à fleurs de peau, le temps s’étend, le réel fait ce qui doit être retenu, le miracle s’épouse avec la Grâce,  corps du peuple,  toutes et tous déshabillés pour les tirer vers le haut  de leurs postures et concevoir cette étincelle se ponctuant sans virgule, le temps les étoffe plus loin que de simples portraits, ils sont cette nécessité que je puisse les cadrer dans tous les mondes possibles qui font tomber les masques de la pudeur.

Françoise l’écrivaine

Les mots sans répit, couchés à terre, les enjamber, les lever, les remonter, mots hallucinés, les photographier, les sublimer, expérimenter le réel dans l’art pour l’art, intrigues tuées,  ellipses en errances continuelles, poésie, littérature s’embrassent, se congratulent, s’entrecroisent, se distancent, personnages sans dialogue, longs plans cinématographiques, descente en apnée pour achever tous les passables passages des hommes d’états envenimant le bonheur de l’humanité, amours à tous les coins de la terre, morts  à rebours, imaginaires en trompe œil, écrire à bout de poitrine, faire saigner les mots pour leur donner toutes les gradations de milles nuances, s’essouffler avec les personnages confinés dans des temps dé-conjuguant les logiques temporelles, écrire pour supplanter les maux.

Quels seraient les mots pour décrire une photographie et raconter sa genèse ?

Il était une fois, l’invention d’une première photographie « Soleil Levant », ce portrait d’une sénégalaise. Elle est assise dans une cour pleine de rires, d’un noir suprême, il fallait revoir le portrait et l’envelopper à jamais dans les couleurs picturales de l’Afrique collant à sa peau comme une narration évidente. La genèse, sortir de la photographie palpable, trop réelle, montrer tout en créant un autre visage, un autre corps, une autre vraisemblance,  faire des histoires sans fin pour arriver à ce jour à ne jamais s’arrêter parce que rien ne peut se terminer avec la rencontre humaine et l’inspiration.

Doù vient cet attrait pour le mouvement, le corps au féminin, le nu, la confrontation des corps comme sils étaient liés les uns aux autres ?

Mouvements verticaux, horizontaux, en diagonales prodigieuses, sans fin pour confirmer que rien n’est stable dans le cadre, pour déstabiliser le corps dans l’espace pour en faire une interrogation visuelle,  retracer les regards, corps féminins pour les embellir dans leur beauté insoupçonnées, pour les tirer des ombres de leur pudeur, corps solo ou corps qui se regardent, qui se touchent, qui s‘isolent mais toujours côte à côte parce que le cadre veut les unir dans tous les recoins sans aucun vide pour congratuler, imaginer des amours fous,  des sensualités sans pupille équivoque.

Doù vous vient cet amour pour la narration photographique, cette envie de raconter une histoire à partir des corps africains ?  Pourquoi choisir de photographier ces corps noirs ?

Narration qui se fait d’un coup avec la création picturale, tout se fait dans l’imaginaire, dans l’imprévue, narrations miraculeuses qui collent subitement avec les corps, le corps noir parce qu’elle porte l’essence originelle de la beauté pure, contrastes à perte de vue, regards uniques,  tombeurs, générosités sans compter pour que se réalise une histoire du corps nu de la femme africaine par-dessus les jeans et les pagnesO